Interview alumni : Sarah LEQUETTE a transformé un parcours scolaire chaotique en réussite.

Dans cette interview, nous vous présentons Sarah LEQUETTE, fondatrice de Change, une entreprise spécialisée dans le conseil et le coaching pour maîtriser l’art de parler en public. Sarah a transformé un parcours scolaire chaotique en un tremplin vers de multiples réussites. Aujourd’hui, elle accompagne celles et ceux qui souhaitent gagner en confiance pour mieux s’exprimer devant un auditoire. À travers cet article, elle partage avec vous ses échecs, ses techniques et astuces pour réussir à rebondir après une épreuve, tout en inspirant d’autres sur son chemin.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Sarah LEQUETTE, j'ai fondé l’entreprise Change, il y a bientôt quatre ans. Cela a commencé suite à une rencontre avec un conférencier international, qui est devenu mon premier client. Cela m'a orientée vers un nouvel univers professionnel après 18 ans de salariat sur différentes fonctions dans le secteur de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS). Il était temps pour moi de créer ma propre structure et de devenir cheffe d'entreprise. Ce parcours a été une vraie découverte de moi-même. En devenant entrepreneure, j'ai compris le sens profond du mot "liberté". Aujourd'hui, je crée mes propres offres et ateliers, ce qui me correspond totalement. Je pense que j’ai toujours eu une âme d’entrepreneure. Ce statut me permet d’être plus dans l’innovation et la création tout en me réalisant en dehors des chemins tracés par d’autres. Depuis la création de Change, je coopère avec de nombreux acteurs de la Région Nouvelle-Aquitaine, même si mes actions s’élargissent progressivement vers Paris. Je suis mobile, je peux intervenir un peu partout en France et même à l’étranger. J’interviens de plus en plus sur des actions de modération de tables rondes. J’ai aussi créé une première conférence/débat le 24 Janvier dernier sur le thème « oser prendre des risques ».
Quel a été votre parcours académique ?
Mon parcours a été atypique: après avoir redoublé ma 3ème, l’école me dit adieu et je démarre un BEP Carrières Sanitaires et Sociales, puis j'ai gravi les échelons petit à petit en travaillant : Aide Médico-Psychologique (AMP), Monitrice Éducatrice (ME), Éducatrice Spécialisée (ES). J'ai obtenu ces trois diplômes d’état, jusqu'à deux masters, sans avoir jamais passé le bac, ni même mis le pied au lycée.
J'ai aussi beaucoup échoué aux oraux de certification. J'étais quasiment mutique à l'école, très mal à l'aise et ne trouvant ni ma place ni mon épanouissement au sein du système éducatif français. Je me suis éteinte en essayant tant bien que mal à me conformer au carcan de ce système qui génère plus de souffrance que d’épanouissement.
Ces échecs ont été marquants et difficiles à vivre, mais ils m'ont amenée à me spécialiser sur ce sujet.
La rencontre qui a changé ma vie a été celle d'Arnaud COLLERY, conférencier international. Il a détecté en moi un talent que je n'avais pas encore identifié. Il m'a formé, j'ai appris sa méthode et je l'ai adaptée à mon expérience ainsi qu’à d’autres techniques, notamment la préparation mentale de la réussite. Un jour, je parle devant 300 personnes et c’est LA RÉVÉLATION. Aujourd'hui, j'accompagne des personnes qui ont des blocages, des peurs ou simplement l’envie de progresser pour mieux s’exprimer en public avec coeur et impact.
Pourquoi avez-vous choisi l’IRTS Nouvelle-Aquitaine pour réaliser le Diplôme d’État d’Ingénierie Sociale (DEIS) ? (Couplé au master de l’IAE de Bordeaux).
L’envie de me rapprocher d’une partie de ma famille, mon grand frère et ma grande sœur vivaient tous les deux à Bordeaux à l’époque. Heureuse de vivre dans l’une des plus belles villes de France à mes yeux. Bordeaux est un centre économique dynamique proposant de nombreuses opportunités, et la ville dispose d’un patrimoine culturel très riche. La proximité avec l’aéroport facilite la mobilité et l’ouverture sur le reste du monde. J’ai aussi été attirée par le programme du DEIS associé au master Conseil et Management des Organisations grâce au partenariat entre l’IRTS et l’IAE. L’alliance gagnante du développement économique à l’impact social/environnemental est la réponse à de nombreux enjeux politiques actuels et à venir.
Comment avez-vous rebondi après votre échec scolaire ?
Le collège a été une période difficile pour moi, surtout en termes d'estime de soi. J'avais des retours dévalorisants des enseignants. Aucun professeur ne m'a réellement encouragée, et mon orientation a été subie.
Mais au fond de moi, j'avais une ambition. Je savais que je valais plus que ce que mon parcours scolaire laissait entendre. Je suis une personne optimiste et rêveuse. J'ai toujours cru en la force de la pensée et de la résilience. J'ai appris à ne pas me conformer, à trouver ma propre manière de m'exprimer. J'ai compris que l'authenticité était la clé, et non la simple reproduction de ce que l'on attendait de moi.
Quel conseil donneriez-vous aux jeunes en échec scolaire ?
Je leur dirais de ne pas s'identifier à leurs notes ou aux jugements des autres. Un bulletin scolaire ne définit pas une personne. C’est seulement une information à un instant T, dans un environnement donné et non pour le reste de votre vie. Quand on est en difficulté scolaire, on a besoin de compréhension, pas de critiques. J'aurais aimé que quelqu'un me demande comment je me sentais. Ce que les autres disent de nous est souvent plus en lien avec eux-mêmes qu'avec notre vraie valeur. Aussi, il ne faut pas avoir peur de l’échec, les personnes qui ont le plus réussi dans la vie sont aussi celles qui ont vécu le plus d’échec. Parce que échec rime avec audace et prise de risques. L’échec est une expérience initiatique de progrès qui permet d’aiguiser ces compétences pour viser dans le mile à la prochaine tentative.
Comment peut-on aider les personnes en difficulté scolaire ?
Je pense qu'il est important d'être à l'écoute des élèves, d'essayer de comprendre leurs besoins réels plutôt que de simplement pointer leurs faiblesses. Il est préférable de dire à un élève “tu peux t’améliorer ici” et expliquer comment il peut s’améliorer. Plutôt que de dire “tu n’es pas bon ici”, cela boostera leur confiance en eux et les motivera. Il est important de rappeler que les mots ont un impact lorsqu’on les dit à quelqu’un, il faut donc faire attention à l’usage que l'on en fait. Le système éducatif français doit être totalement revisité. Beaucoup d'enseignants souffrent eux-mêmes de burn-out. Il y a un vrai besoin de changement pour mieux accompagner les jeunes et leur offrir un environnement plus bienveillant. Avec le recul qui est le mien aujourd’hui, je me dis que c’est le système éducatif tel qu’il est conçu qui met en difficultés les jeunes et les enseignants.
Qu’est-ce qui vous a motivé à créer votre propre entreprise ?
Change est une entreprise de conseil et de coaching, spécialisée dans la prise de parole en public. Je propose des accompagnements individuels et collectifs sur ce sujet. Mon travail s'adresse à tout le monde : particuliers, étudiants, professionnels. D'ailleurs, depuis septembre, j'interviens à l'IRTS pour accompagner des étudiants éducateurs spécialisés.
J'ai identifié un réel besoin dans le secteur du travail social : renforcer la confiance en soi par l’aisance oratoire. Parler en public et la confiance en soi sont très liés. Plus on pratique, plus on gagne en assurance pour s'exprimer devant n'importe qui. Pour cela, j'emploie des techniques comme le storytelling : je demande aux participants de raconter leur histoire en sept minutes. Cela crée une communication plus émotionnelle. Le coaching que je propose intervient sur trois axes principaux : la conscience des mots, la communication non-verbale et la voix.
J'ai aussi remarqué que ce besoin est particulièrement marqué chez les femmes. La place de la parole des femmes dans la société est un sujet important qui concerne l’égalité hommes/femmes et l’égalité des chances. En intervenant dans un collège, auprès d’une classe de 5ème, j'ai constaté une différence flagrante dans la posture des filles par rapport à celle des garçons. J’ai proposé un atelier pour apprendre à parler en public. Les jeunes filles se mettent sur le côté et pas au centre de l’espace qui leur est dédié, certaines chuchotent et laissent le micro bien bas pour ne pas que leur voix soit forte. Il y a un travail à faire sur l'affirmation de soi, pour tout le monde, mais surtout pour les femmes.
Quels sont vos projets pour l’avenir ?
Je souhaite développer davantage mon activité et toucher un public encore plus large, en France et à l’international. J’envisage de créer une formation en ligne sur l’art de parler en public, afin de rendre mes techniques accessibles au plus grand nombre. J'ai aussi envie de continuer à transmettre mes connaissances et expériences à travers l’écriture.
Découvrez les podcasts de l'émission "chemins des possibles" de la rubrique bien-être et psychologie, que Sarah animent auprès du média RCF Bordeaux : https://www.rcf.fr/bien-etre-et-psychologie/chemins-des-possibles